Suite et fin du témoignage du Dr Juan Negrete
Pour savoir comment activer les hyperliens vers les pièces au dossier de la preuve, voyez les instructions à la fin du présent message.
La dépendance au tabac ou la dépendance à la nicotine sont des matières relativement complexes, comme vous vous en doutiez, ce qui fait qu'elles inspirent de nombreuses questions. Et de la répétition, ... qui est la base de la pédagogie, dit-on.
Les avocats d'Imperial Tobacco Canada, Sonia Bjorkquist, et de JTI-Macdonald, Guy Pratte, ont terminé mercredi le contre-interrogatoire de l'expert en dépendances et psychiatre Juan C. Negrete commencé le 21 mars par Me Simon Potter, qui représente le cigarettier Rothmans, Benson & Hedges.
Les contre-interrogatoires ont semblé avoir pour buts de montrer que les fumeurs peuvent arrêter de fumer, s'ils le veulent; qu'ils arrivent à le faire même sans thérapie; que les études sur lesquelles s'appuie le Dr Negrete sont seulement basées sur des populations non représentatives des fumeurs en général; qu'il faut une rencontre avec un clinicien, voire un médecin psychiatre, pour conclure qu'un fumeur est dépendant; et que l'usage du mot anglais habituation a persisté dans les milieux scientifiques après qu'un comité spécialisé de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ait recommandé, dans un rapport signé en 1963 et publié en 1964, de ne plus faire de distinction entre habituation et addiction (ou, dans la version française, faire de distinction entre accoutumance et toxicomanie).
Le contre-interrogatoire par Me Bjorkquist du professeur de médecine à la retraite de l'Université McGill s'est déroulé en anglais, sans anicroche. Me Potter et Me Pratte ont contre-interrogé en français, selon la préférence du Dr Negrete.
Sur le fond des matières abordées, le témoin-expert a parfois donné un peu de fil à retordre aux défenseurs des cigarettiers, qui n'ont pas emprunté des chemins faciles, choses dont l'échantillon d'échanges suivant donne un petit aperçu.
1 Dialogues sur la dépendance
(21 mars)
Me Potter: ...Vous êtes d'accord, je pense, que ces dernières décennies, il y a eu une chute dans le pourcentage de la population qui fume ?
Dr Negrete: Oui.
Me Potter: Oui. Et vous êtes d'accord que ces dernières décennies, il y a eu de plus en plus de fumeurs qui ont abandonné la cigarette ?
Dr Negrete: Oui, c'est vrai.
Me Potter: Oui. Et vous êtes d'accord que la majorité de ces gens-là ne viennent pas à votre clinique ? (...) ou à des cliniques ?
Dr Negrete: C'est ça. (...) en général, la plupart qui abandonnent le tabagisme le font sans aide, mais quand on compare les taux de réussite à long terme, ceux qui ont de l'aide ont réussi mieux.
(...)
Me Potter: Mais vous savez qu'il y a eu une chute assez substantielle dans le nombre de fumeurs, que ça vient des gens qui quittent, et il n'y a pas assez de cliniques pour traiter ces gens-là; la grande majorité le font sans venir à des cliniques ?
Dr Negrete : Oui.
Me Potter: Oui ?
Dr Negrete: Ce qu'on ne sait pas est combien de temps ils restent sans fumer lorsqu'ils ont abandonné sans aide.
Me Potter: Bien, on va y arriver, là, parce qu'il y a des statistiques, même dans les documents que vous mentionnez, qui parlent du degré de rechute, mais vous confirmez que beaucoup de gens, à travers les dernières décennies, ont cessé de fumer et l'ont fait sans aide ?
Dr Negrete: Oui. Mais si je peux ajouter, monsieur le juge, c'est la même chose avec toute autre toxicomanie.
...
Me Potter: (...) des gens qui ont cessé de fumer pendant ces décennies-là, la grande majorité aurait été classifiée, selon vous, « dépendants » ?
(...)
Dr Negrete: Des gens qui ont fait la tentative et qui ont réussi à s'arrêter, la plupart étaient dépendants, vous avez raison.
Me Potter: Bon merci. Et ça, ça vaut pour les gens qui arrêtent avec de l'aide et pour les gens qui arrêtent sans aide ?
Dr Negrete: Exactement.
...
(3 avril)
Me Bjorkquist: En dépit d'une attention accrue accordée au rôle de la nicotine à cette époque (1988), le Surgeon General des États-Unis continue (en 1988) d'accorder de l'attention aux processus comportementaux qui déterminent la dépendance, il parle des processus pharmacologiques ET comportementaux qui déterminent la dépendance, n'est-ce pas ?
Dr Negrete: Absolument, ...comme pour n'importe quelle autre dépendance ou toxicomanie.
...
Me Bjorkquist: Chaque individu voit le risque en termes différents ?
Dr Negrete: Oui. Par exemple, un adolescent ne pense jamais d'être incapable de respirer, vous savez, quand il commence à fumer. Une personne de 45 ans qui a des difficultés à grimper un escalier, elle voit les choses différemment.
...
Me Bjorkquist: Et pour réussir à cesser (de fumer), un fumeur a besoin de décider qu'il ou qu'elle ne veut plus continuer à fumer (...), n'est-ce pas ?
Dr Negrete: Exact. Il y a un facteur motivationnel auquel vous référez. Une personne doit sentir le désir et le besoin de changer, mais cela n'aboutit pas nécessairement en un changement du pattern de l'usage de la cigarette. La motivation n'est pas l'élément le plus fort du succès.
Me Bjornquist: Mais les gens arrêtent de fumer tous les jours, pour toutes sortes de raisons pratiques, basées sur leur propres conditions d'existence.
Dr Negrete: En effet. Et ils rechutent aussi.
(L'avocate n'a pas vu venir le lancer frappé du docteur cette fois-là, et le public a senti que la rondelle rentrait dans le filet à toute allure.)
...
Citant un texte de Santé Canada actuellement imprimé sur des paquets de cigarettes (« Vous pouvez arrêter. Nous pouvons vous aider. ») et d'autres textes actuellement sur le site internautique de Santé Canada, Me Pratte a cherché à faire admettre à l'expert Negrete que tout le monde pouvait arrêter de fumer. (Me Pratte a cependant jeté sous les yeux du témoin la version anglaise du texte en ligne.)
Le Dr Negrete a répliqué en parlant des « conditions idéales » et en retournant l'attention sur un autre bout du texte en ligne qu'on lui mettait sous les yeux, où on parle de soutien : « With the right combination of practice, determinationa and support, you will be able to stop smoking for good. » (Dans la version française en ligne, le texte, légèrement déroutant, se serait lu ainsi : « Si la pratique se combine à la détermination et au soutien, vous pouvez arrêter de fumer pour de bon ».)
Le médecin a ensuite fait une distinction entre ce qu'il convient à Santé Canada de dire à un fumeur pour l'encourager dans ses tentatives, et qu'il avait déjà affirmé faire lui-même, pour aider le patient, (Il a dit cela lors du contre-interrogatoire par Me Potter.), et ce qui se passait au bout du compte, dans la vraie vie, avec une masse de fumeurs.
En somme, quand Me Pratte aurait été trop heureux de tomber sur le clinicien encourageant, le Dr Negrete lui offert la vision de l'expert de la dépendance au tabac froidement réaliste.
2 Tenter d'avoir le beurre et l'argent du beurre
Dans son rapport d'expertise (pièces 1470.1 et 1470.2), le Dr Negrete cite le rapport de l'OMS de 1964 (lien vers la version française). Devant le juge Brian Riordan, l'ancien clinicien de l'Hôpital général de Montréal a aussi expliqué que l'OMS et l'Association américaine de psychiatrie n'avaient pas attendu le ralliement des autorités nord-américaines et ont continué durant les années 1970 la mise à jour des connaissances en matière de dépendance, afin d'aider les praticiens. Il a aussi affirmé que dans la documentation en langue anglaise, addiction et dependance sont utilisés comme des synonymes.
Mercredi, dans son exhumation de documents anciens, Me Bjorkquist a consacré une partie de son temps au rapport annuel de 1964 du Surgeon General des États-Unis (Luther Terry à l'époque).
Ce rapport de 1964 de la plus haute autorité américaine en matière de santé publique est, chez les spécialistes et les promoteurs du contrôle du tabac, célèbre et célébré parce qu'il y est déclaré que le tabagisme est une cause de cancer du poumon. Pas un simple facteur de risque, mais une cause.
Voir ce rapport versé dans le dossier de la preuve par la défense de l'industrie du tabac peut donc paraître étrange et pour le moins audacieux. (pièce 601-1964)
Le rapport de 1964 est cependant moins connu pour son chapitre 13 où la distinction entre les mots anglais habituation (habitude ou accoutumance) et addiction (toxicomanie ou dépendance) a été servie aux lecteurs.
extrait du rapport de 1964 du Surgeon General |
Or, dans son rapport d'expertise enregistré en novembre (pièce 1328), l'historien Robert Proctor mentionne que l'auteur de ce chapitre est Maurice Seevers, un pharmacologue qui avait travaillé plus tôt en tant que consultant d'American Tobacco Company, le fabricant des célèbres cigarettes Lucky Strike.
Cette ligne dans les 44 pages du rapport Proctor, mêlées au 2700 autres pièces au dossier, pourrait cependant avoir échappé à l'attention de tout le monde présent dans la salle d'audiences, à part la blogueuse Cynthia Callard. Il n'est pas certain que le juge Riordan fasse le recoupement.
Lors de la comparution de l'expert Proctor, Me Bjorkquist n'était pas encore impliquée dans le procès (ou alors, elle y travaillait loin de la salle d'audiences), et Me Pratte n'a assisté qu'à la quatrième et dernière journée de comparution de l'historien, laquelle a duré moins d'une heure, où il ne fut pas question du rapport du Surgeon General de 1964. Quant à Me Potter, qui s'est efforcé de cuisiner Proctor en novembre, et qui avait sûrement lu son rapport d'expertise, il n'était pas là quand Me Bjorkquist a montré à la Cour des extraits du chapitre 13 du fameux rapport.
Cette division du travail a des effets. Il n'y a rien qui donne de l'audace comme une relative sous-estimation des dangers, quand il y a moins d'alliés pour vous prévenir.
Me Bjorkquist a donc amené le Dr Negrete danser le tango encore plus proche du feu quand elle lui a fait relire ce passage du rapport de 1988 du Surgeon General où celui-ci (le Dr Everett Koop à l'époque) conclut que les cigarettes et les autres formes de tabac sont toxicomanogènes (are addicting), que la nicotine est la drogue dans le tabac qui engendre la dépendance (causes addiction), et que les processus pharmacologique et comportementaux qui déterminent la dépendance au tabac sont similaires à ceux qui déterminent la dépendance à des drogues comme l'héroïne et la cocaïne.
(Le rapport de la Société royale du Canada, pondu à la demande du gouvernement canadien en 1988 et publié à l'été 1989, est venu aux mêmes conclusions sur le caractère addictif du tabac.)
extrait du rapport de 1988 du Surgeon General |
L'avocate a amené le psychiatre là parce qu'elle voulait apparemment lui faire dire que tout le monde n'avait pas troqué le mot addiction pour le mot dependance après le rapport de l'OMS en 1964, même aussi tardivement qu'en 1988. Le spécialiste des dépendances a eu beau jeu de dire que les termes étaient interchangeables dans l'usage anglais nord-américain des scientifiques et jusque dans le texte même du rapport de 1988 du Surgeon General.
Le plus paradoxal, c'est que six ans après ce rapport, les hauts dirigeants des sept principaux cigarettiers américains, auxquelles sont liées les compagnies canadiennes, ont déclaré sous serment devant une sous-commission du Congrès des États-Unis qu'ils croyaient que « la nicotine ne crée pas la dépendance » (sauf un des dirigeants qui a varié en disant qu'il ne croyait pas que la nicotine crée la dépendance). (vidéo de 59 secondes sur Youtube)
De cette histoire longue de cinq décennies, il semble qu'on serait forcé de conclure que peu importe ce que les psychiatres et autres médecins du monde entier ont pu en dire, il n'y a, aux yeux de l'industrie du tabac, que le Surgeon General qui donne l'heure juste, y compris au Canada, et il ne l'a donné qu'une fois, en 1964.
Mais bien entendu, aucune commission parlementaire au nord du 45e parallèle n'a offert aux cadres des compagnies « canadiennes » d'occasion de se distancer des positions des cigarettiers américains.
On découvre la communauté de pensée de chaque côté de la frontière depuis que les témoins ont commencé à défiler devant le juge Brian Riordan il y a treize mois et les documents à s'accumuler dans le dossier des pièces enregistrées au procès.
3 De la difficulté d'amener le témoin là où il ne veut pas aller
Dès le moment des contre-interrogatoires précédant l'admission du Dr Negrete comme expert, le 20 mars, le public de la salle d'audiences pouvait craindre que le psychiatre allait se montrer plus soupçonneux que la moyenne des experts à la barre des témoins, et il lui est arrivé de préjuger un bref instant de l'incompétence scientifique des avocats, ce qui ne fait pas bon effet devant un juge qui les voient chaque jour se montrer si attentifs et si dégourdis.
Sur le fond, le médecin de 75 ans avait raison de penser que les avocats des compagnies vont utiliser ses réponses dans le sens qui désavantage le moins leurs clients, puisque c'est tout à fait naturel et leur rôle, mais il a paru le premier jour (20 mars) ne pas l'accepter d'aussi bonne grâce que d'autres témoins-experts des recours collectifs, comme le chimiste André Castonguay de l'Université Laval, ou l'expert en sondages de population Christian Bourque de chez Léger Marketing, deux hommes que la défense a longuement mis à l'épreuve.
Du fond de la salle d'audiences, le public a pu percevoir chez l'expert en dépendances Negrete, lors de sa comparution en mars, une certaine envie de faire la leçon aux avocats des cigarettiers, une disposition d'esprit qui pouvait faire penser à la combativité narquoise d'un Robert Proctor, expert en histoire de la cigarette, ou à l'attitude combative de l'oto-rhino-laryngologiste Louis Guertin, qui avait un moment donné répondu qu'il n'était pas épidémiologue mais que l'épidémiologie fait depuis longtemps partie intégrante de la formation de tous les médecins.
La différence notable, c'est que Proctor était tombé, en contre-interrogatoire, sur Me Doug Mitchell et Me Simon Potter, en mode raideur. Le Dr Guertin fit face à Me Jean-François Lehoux, campant ce jour-là le rôle de l'inquisiteur insinuant.
Le Dr Negrete, lui a fait face le 21 mars à Me Potter et le 3 avril à Me Bjorkquist, en modes velours et humilité, alors l'atmosphère n'a pas été lourde. Le psychiatre s'est permis une fois d'aider l'avocate d'Imperial à se souvenir d'une question qu'elle venait de poser, et que lui avait fait oublier les fréquentes et nécessaires interruptions du juge ou d'un avocat pour trouver le bon document ou le bon paragraphe à l'étude. Ce contre-interrogatoire là se passait en anglais, contrairement à celui de Me Potter, toujours heureux de converser dans la langue de Molière, dont il sait manier l'imparfait du subjonctif.
Lorsque Me Guy Pratte s'est amené à l'avant de la salle d'audiences pour contre-interroger l'expert médical, on pouvait donc se demander ce qui allait se passer.
En mars, le contre-interrogatoire du professeur d'épidémiologie Jack Siemiatycki par Me Pratte avait été un de ces moments de grâce où le tribunal se voit offrir l'occasion d'approfondir des concepts scientifiques difficiles dans une ambiance détendue.
Pour contre-interroger le spécialiste des dépendances, Me Pratte est arrivé méthodiquement préparé, comme la suite l'a montré, comme d'habitude, et souriant, d'humeur joyeuse, offrant de poser ses questions en français ou en anglais, au choix du Dr Negrete, et soulignant la présence de sa collègue, Me Kirsten Crain, capable de le relever même en espagnol, a-t-il déclaré avec un air espiègle.
Le témoin-expert a choisi le français, langue de son rapport d'expertise, dont nous avons remarqué la qualité (voir l'édition relative au 129e jour). À l'oral, le Dr Negrete conserve un très léger accent d'hispanophone mais sa grammaire française est impeccable et son débit reflète une pratique fréquente de notre langue. Il semble ni plus ni moins à l'aise que les deux médecins francophones qui l'ont précédé à la barre des témoins cet hiver.
On peut observer chez Me Pratte un souci constant et affirmé de la phrase claire et précise, ou du mot juste, et ce n'est pas lui qu'on entendra utiliser des anglicismes comme « interrogatoire en chef » au lieu d'interrogatoire principal, ou « cédule », plutôt qu'horaire ou calendrier, ou « minutes » pour procès-verbal. Ce peut être un plaisir de l'écouter exposer son raisonnement, même si vous pouvez ne pas partager ses conclusions.
Pendant un moment, l'auteur de ce blogue s'est donc plu à espérer la répétition de l'épisode Siemiatycki, et en français par dessus le marché.
Ce fut loin d'être le cas.
Le climat du contre-interrogatoire a été lourd, sans qu'on puisse blâmer l'avocat ou le témoin. Le courant ne passait pas. À plus d'une reprise, les deux hommes se sont demandés l'un à l'autre de pouvoir finir leur phrase, interrompue. Aucun n'a perdu patience, mais l'avocat a fini par rappeler au témoin qu'il témoignait sous serment lors d'une déposition passée, un genre de remarque, même dit avec le plus grand calme, qui fait souffler un vent glacé sur un échange.
Pas plus que Me Potter, Me Pratte n'est arrivé à faire dire au Dr Negrete que ses conclusions au sujet de la dépendance sont uniquement fondées sur une population de fumeurs non représentative des fumeurs en général. La qualité de praticien de Juan Negrete ne l'empêche évidemment pas de savoir se servir de l'Enquête de surveillance de l'usage du tabac au Canada, qui porte sur l'ensemble de la population de 15 ans et plus, ou des données produites par d'autres recherches.
Après le contre-interrogatoire par Me Pratte, on sentait un certain épuisement nerveux du parterre des juristes, et le procureur Philippe Trudel des recours collectifs a posé l'expert en dépendances seulement quelques questions complémentaires, en anglais, comme il l'avait annoncé le matin du deuxième jour de la comparution du Dr Negrete. Quelques minutes plus tard, le psychiatre a été libérée par le juge Riordan.
Et pour ce témoin comme pour tous les autres, on sent, lors de ce moment d'adieu rituel, que si ce n'était que de la présence de ce juge accueillant, attentif et parfois secourable, ils reviendraient volontiers l'aider dans son procès, mais il y a les avocats, hélas... :-)
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