mardi 20 août 2013

157e jour - Premier jour de témoignage de l'historien Robert J. Perrins

Pour savoir comment activer les hyperliens vers les pièces au dossier de la preuve, voyez les instructions à la fin du présent message.

(PCr)
À 45 ans, l'historien Robert John Perrins est le plus jeune expert à témoigner au procès des cigarettiers au palais de justice. Cela ne l'empêche pas d'avoir un long curriculum vitae typique des universitaires au 21e siècle (et déjà au 20e).

Le professeur Perrins
lors d'une session
de cours à Pékin
Le professeur Perrins est particulièrement versé en histoire de la Chine et du Japon, bien qu'il lui arrive aussi de donner des cours d'histoire de la médecine (occidentale, comme il a été précisé lors du contre-interrogatoire de qualification).

Chez certains, le mandat donné par un cabinet d'avocats découle d'une expertise reconnue. Avec le témoin de cette semaine, l'expertise a découlé du mandat confié. M. Perrins n'a pas exagérément cherché à le dissimuler.

Bien que le témoin-expert soit un solide gaillard, c'est moins sa carrure que sa capacité de travail qui impressionne.

Depuis l'été 2009, tout en cumulant plusieurs fonctions comme administrateur, chercheur et enseignant dans des universités canadiennes et chinoise, il a, pour pondre les 750 pages de ses rapports d'expertise remis aux parties en 2010 et 2013 (pièces 4034640347 et 40348 au dossier de la preuve), visité des archives à Ottawa, Londres et Washington, pris en photos environ 12 000 pages, avec un petit appareil portatif, et lu et digéré tout cela. Et pratiquement sans aide, puisqu'il n'a pas d'étudiants-chercheurs à sa disposition à l'Université Acadia, laquelle offre seulement des programmes d'études de premier cycle.

Armé de cette connaissance, l'expert a pu tranquillement répondre à une question sur ce que pensait un cadre du ministère canadien de la Santé vers 1960. Il n'est pas dit que l'historien se trompe, mais l'originalité de la situation est que Me Guy Pratte, défenseur de JTI-Macdonald, ait été autorisé à poser une question de ce genre sans objection.

En l'absence d'objection, le juge Riordan a laissé faire, ce qui ne veut pas dire qu'il ait trouvé beaucoup de matière à jugement final dans le témoignage du professeur Perrins sur l'évolution des positions et pensées gouvernementales en matière de méfaits sanitaires du tabagisme.

D'une certaine manière, le rapport d'expertise de l'historien Perrins paraît avoir été préparé pour une affaire qui est maintenant close, à la suite d'un jugement incontesté de la Cour d'appel du Québec.

Face aux réclamations présentées devant la justice par les collectifs de victimes du tabac, l'industrie a cherché d'une part à rejeter le blâme sur ces personnes elles-mêmes, qui auraient dû être au courant des risques et n'avaient qu'à arrêter de fumer ou à ne pas commencer, et d'autre part à rejeter le blâme sur le gouvernement fédéral canadien, dont la politique n'aurait pas été claire et dont les cigarettiers sont les obéissants serviteurs ...

Les expertises des historiens Lacoursière et Flaherty concernaient la première ligne de défense, toujours d'actualité. L'expertise de l'historien Perrins concerne la deuxième, même si la Cour d'appel a mis la Couronne fédérale canadienne hors de cause.

En fouillant les archives à Ottawa, l'expert Perrins a pu découvrir que le ministère fédéral de la Santé a eu de grandes ambitions dès 1963 dans sa lutte contre le tabac, et que la ministre Judy LaMarsh aurait peut-être été plus loin qu'elle n'a été, sans une certaine résistance rencontrée au cabinet.

Pourtant, si l'examen par les historiens de la correspondance interne du gouvernement laissait encore entrevoir des vues flottantes ou de l'indécision en diverses époques, l'industrie pourrait-elle invoquer cela à sa décharge devant l'évidence parallèle de la constance de l'essentiel du message public du gouvernement ?

En fouillant les archives, l'historien Perrins a pris connaissance des positions de l'industrie, telles qu'elles étaient perçues ou enregistrées par la fonction publique.

Le procureur Philippe Trudel des recours collectifs a voulu savoir pourquoi le chercheur n'avait pas consulté les archives en ligne des compagnies de tabac elles-mêmes pour connaître leurs positions.

M. Perrins n'a pas eu le temps pour cela. Et tant pis si une source primaire est négligée au profit d'une source secondaire.


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Pour accéder aux jugements, aux pièces au dossier de la preuve ou à d'autres documents relatifs au procès en recours collectifs contre les trois principaux cigarettiers canadiens, IL FAUT commencer par

1) aller sur le site des avocats des recours collectifs  https://tobacco.asp.visard.ca/main.htm


2) puis cliquer sur la barre bleue Accès direct à l'information
3) puis revenir dans le blogue et cliquer sur les hyperliens au besoin,
ou
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