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(SGa)
(SGa)
Jeudi, le
contre-interrogatoire de Gaétan Duplessis, entamé le 17 septembre
dernier, s’est enfin poursuivi. Le témoin a été un pilier des recherches de l'industrie du tabac au Canada. Diplômé en agronomie, il est entré chez Imperial Tobacco Canada (ITC) en 1981, comme chercheur, et il est devenu, en
2005, chef de la division de la recherche et du développement. Il est à la
retraite depuis 2010.
Devant une telle pointure de la
recherche interne dans le monde des cigarettiers, l’auteur de ce blogue, lui-même doté d’un bon bagage en
vulgarisation scientifique, a dû demeurer bien attentif durant
l’audience pour comprendre et déchiffrer toutes les pièces présentées au
dossier par les avocats de la poursuite André Lespérance et Philippe
Trudel.
Mais faisons d’abord une brève
rétrospective. Lors de la première apparition de Gaétan Duplessis au 167e jour d’audience, l'avocate de la défense d'ITC avait fait ressortir le rôle d’Agriculture Canada
dans la recherche sur le tabac. Pendant des années, ce ministère a participé
activement à la recherche sur la culture du tabac en fournissant des chercheurs et en
finançant en partie la recherche. Il est ensuite demeuré discret sur cette
participation et laissait le soin à l’industrie de disposer des résultats comme
elle le souhaitait.
Lors du 173e jour
d’audience, on aurait pu penser que les avocats des recours collectifs allaient pousser plus loin leur interrogatoire sur le rôle d’Agriculture Canada. Or, d’autres
sujets « chauds » ont intéressé les juristes.
Une mémoire capricieuse
Durant des années, l’industrie du
tabac s’est évertuée à nier les effets de la cigarette sur la santé et le lien causal entre son usage régulier et le développement de maladies telles que le cancer
du poumon. En matinée, les avocats du recours collectif ont présenté des pièces
au dossier confirmant cette stratégie de déni.
Il y a trente ans de cela, M. Duplessis faisait partie d’un petit groupe de scientifiques d’ITC appelés à écouter et à critiquer une présentation faite par leur patron, Patrick Dunn, vice-président à la recherche et au développement. Cette présentation était intitulée "The functional and social significance of smoking," (pièce au dossier 1434.1) et les commentaires des chercheurs (dont ceux de M. Duplessis) se sont retrouvés dans un autre document (pièce 1434), qui a été présenté au tribunal.
Il y a trente ans de cela, M. Duplessis faisait partie d’un petit groupe de scientifiques d’ITC appelés à écouter et à critiquer une présentation faite par leur patron, Patrick Dunn, vice-président à la recherche et au développement. Cette présentation était intitulée "The functional and social significance of smoking," (pièce au dossier 1434.1) et les commentaires des chercheurs (dont ceux de M. Duplessis) se sont retrouvés dans un autre document (pièce 1434), qui a été présenté au tribunal.
Dans la version écrite de l'exposé de M. Dunn, on mentionnait les effets
physiologiques, médicaux, pharmacologiques et sociaux de la cigarette. On peut y constater qu’à l’époque, l’industrie avait déjà conscience du nombre
important d’études qui liaient la cigarette à diverses maladies, dont le cancer
du poumon, les maladies du cœur, l’emphysème, etc. Mais ces évidences
scientifiques n’ont pas empêché Patrick Dunn de mentionner plusieurs effets
bénéfiques de la cigarette auxquels il croyait : amélioration de la performance chez les
étudiants, réduction du stress, accroissement de la vigilance visuelle, hausse
de l’efficacité cognitive, réduction de la fluctuation des changements
d’humeur.
De tels bénéfices associés au tabagisme
auraient pu être fortement contestés par la communauté scientifique qui disposait
déjà à l’époque de plusieurs études documentant les effets néfastes du
tabagisme.
C’est
sans doute une des raisons pour laquelle M. Duplessis mentionnait dans ces
commentaires que « si la présentation avait été faite à un public hors de
l’industrie, elle aurait sans doute été mal reçue par un grand nombre de ces
gens » (traduction libre).
En
rapport avec ce commentaire, l’avocat a demandé à M. Duplessis, pourquoi on ne
devait pas parler négativement de la cigarette à cette époque. M. Duplessis,
comme à plusieurs autres questions posées par l’avocat, a mentionné qu’il ne se
souvenait plus des détails de cette rencontre (qui date quand même d’il y a
près de trente ans). Un peu plus tard, lors d'un complément d’interrogatoire, la mémoire a semblé toutefois lui revenir un peu. Il a alors mentionné qu’il
s’agissait d’une « horrible présentation assortie d’une centaine de
diapositives ».
Un petit imbroglio
Tout juste avant le diner, un petit imbroglio est survenu entre Suzanne Coté, l'avocate d'ITC, et le juge Riordan. Me Côté a émis le souhait que
l'audience se termine à 12h30, comme convenu en début de semaine, mentionnant qu’elle avait d'autres engagements en après-midi. Le juge s'est montré plutôt en défaveur d'un ajournement avant la fin du témoignage, disant
qu'il fallait terminer alors que M. Duplessis se trouvait dans la
salle d’audience. L'avocate, visiblement contrariée, a insisté vivement, affirmant que la
journée devait se terminer à 12h30. Puis, alors que le juge lui donnait finalement
raison (il proposait alors de reporter la fin du témoignage à aujourd'hui, mardi), l'avocate s'est ravisée et a accepté de poursuivre le travail en
après-midi, affirmant que ses engagements avaient pu être déplacés. Dénouement
heureux que l'on doit sûrement en partie à la souplesse des télécommunications modernes...
Des cigarettes
ventilées ou pas
En après-midi, il a été beaucoup question des trous
présents au bout des cigarettes légères. Selon un expert de l'industrie, Michael Dixon (qui est comparu devant la Cour en septembre), ces trous, une fois bloqués par les lièvres des
fumeurs, n’entraînent pas une inhalation plus grande de goudron, de nicotine et
de monoxyde de carbone.
Interrogé sur cette question, M. Duplessis a affirmé
qu’au contraire, ce fait représentait un risque accru d’inhalation des
sous-produits de la cigarette. L’information présente sur les paquets de cigarettes
sur la teneur en goudron, en nicotine et en monoxyde de carbone s’en trouvait par conséquent faussée, dit-il.
Cette affirmation a d’ailleurs semblé validée par une
autre étude réalisée par une collègue de M.
Duplessis, Cathy McBride. (pièce 1603) Cette chercheuse avait recueilli des bouts de
cigarettes dans les cendriers des centres commerciaux et en était venue à la conclusion que
près de la moitié des fumeurs recouvraient les trous de ventilation avec leurs
lèvres. Le blocage de ces trous était une pratique plus courante avec les
cigarettes « ultra-légères » qu’avec les autres types de cigarettes et cela augmentait
la dose de nicotine, de goudron et de monoxyde de carbone inhalée, par rapport à ce qui était affiché sur les paquets.
*
Cette semaine, seulement deux demi-journées d’audience sont au calendrier du procès présidé par le juge Brian Riordan.
Le témoignage de Wolfgang Karl Hirtle, un ingénieur en procédés d'ITC, commence cet après-midi. M. Hirtle a déjà témoigné en décembre dernier, convoqué par la partie demanderesse. Il revient cette fois-ci à l'appel de la défense d'Imperial.
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Le témoignage de Wolfgang Karl Hirtle, un ingénieur en procédés d'ITC, commence cet après-midi. M. Hirtle a déjà témoigné en décembre dernier, convoqué par la partie demanderesse. Il revient cette fois-ci à l'appel de la défense d'Imperial.
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Pour accéder aux jugements, aux pièces au dossier de la preuve ou à d'autres documents relatifs au procès en recours collectifs contre les trois principaux cigarettiers canadiens, IL FAUT commencer par
1) aller sur le site des avocats des recours collectifs https://tobacco.asp.visard.ca/main.htm
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