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annonce d'Export A de 1983 |
Mais ce que le procureur des recours collectifs André Lespérance voulait savoir, c'est si ladite annonce (pièce 573 C), visible dans des magazines à large audience, ne racole pas aussi les jeunes hommes de 15 ou 17 ans, au moins autant que les jeunes adultes, notamment en titillant leur désir de paraître viril et indépendant.
Robin Robb a commencé par sous-entendre qu'il faudrait mieux s'y prendre autrement pour rejoindre une telle clientèle, puis, en substance, il a finalement répondu, penaud, que la planche à voile est une activité physiquement difficile pour des jeunes de 15 ans et au-delà de leur puissance d'imagination.
C'était l'un de ces moments où le juge Brian Riordan de la Cour supérieure du Québec doit sûrement avoir besoin de sa forte capacité de paraître impassible pour ne pas se plaindre qu'on le prenne pour une cruche.
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Lors de ce même contre-interrogatoire, commencé dès le milieu de la matinée, Me Lespérance est aussi parvenu à faire dire à M. Robb que du temps où il était le directeur du marketing de RJR-Macdonald, de 1978 à 1984, le code d'autoréglémentation de l'industrie canadienne du tabac n'interdisait pas grand chose comme campagne publicitaire susceptible d'atteindre les élèves du secondaire. RJR-Mac se permettait de commanditer un événement télédiffusé avec des annonces d'Export A visibles sur les lieux de l'événement. Un cigarettier pouvait aussi sans ennui faire installer une annonce à l'extérieur d'un point de vente situé à 200 mètres d'une école et tournée dans la direction de l'école.
Il a été longuement question d'un échange de vues entre l'industrie, représentée dans ce cas par le Conseil canadien des fabricants de produits du tabac (CTMC) et par les marketeurs de RJR-Mac, et la ministre fédérale de la Santé de 1977 à 1979 et de 1980 à 1984, Monique Bégin.
L'affaire avait été déclenchée par une plainte concernant la proximité d'une annonce par rapport à une école.
Mme Bégin voulait que l'industrie applique vraiment son code d'autoréglementation, le précise et même le durcisse un peu (elle voulait 500 mètres au lieu de 200). Quand M. Robb a quitté la compagnie, la même année où Mme Bégin a cessé d'être ministre, la correspondance se poursuivait sans qu'on ait satisfait le gouvernement.
Il a aussi été question d'un échange de vues entre le CTMC et le prédécesseur de Monique Bégin, Marc Lalonde, ainsi que de la réponse plus ou moins insolente que RJR-Macdonald a suggéré à l'Association canadienne de ski de donner au ministre d'État au Sport amateur de 1984 à 1988, Otto Jelinek.
Le ministre Lalonde estimait qu'il y avait une incompatibilité qu'il fallait reconnaître entre la promotion d'un événement sportif et le déploiement d'annonces de cigarettes (pièce 1558). L'industrie n'a pas satisfait le ministre. Le ministre Jelinek trouvait que l'Association canadienne du ski, généreusement subventionnée, ne devait pas accepter des commandites de l'industrie du tabac. Le témoin Robb n'avait pas de souvenance de cette affaire mais continue de penser aujourd'hui que les commandites étaient légitimes puisque fumer est un choix permis par la loi.
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Le contre-interrogatoire de Robin Robb se poursuit aujourd'hui.
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