mercredi 20 novembre 2013

184e jour - Des jeunes impossibles à recruter comme fumeurs parce qu'incapables dans se projeter dans le futur et aveugles ?

Pour savoir comment activer les hyperliens vers les pièces au dossier de la preuve, voyez les instructions à la fin du présent message.

(PCr)
annonce d'Export A de 1983
L'annonce d'Export A ci-contre exerce son pouvoir d'attraction sur les jeunes adultes de 18 à 35 ans davantage que sur les autres adultes. C'est ce qu'a reconnu mardi le témoin Robin Robb au procès des trois principaux cigarettiers canadiens au palais de justice de Montréal. Ce n'était pas vraiment difficile à admettre par un vétéran du marketing, surtout quand d'autres documents qui sont apparus à l'écran de la salle d'audience parlaient de la façon de s'y prendre pour attirer cette clientèle vers les produits de RJR-Macdonald (par exemple la pièce 1634 au dossier). Il faut associer une marque à des activités, à un « style de vie », et non pas parler du produit en tant que tel, surtout que le témoin a avoué, plus tard dans le contre-interrogatoire, qu'il a toujours su la cigarette néfaste pour la santé, avant et après son bref passage dans l'industrie du tabac.

Mais ce que le procureur des recours collectifs André Lespérance voulait savoir, c'est si ladite annonce (pièce 573 C), visible dans des magazines à large audience, ne racole pas aussi les jeunes hommes de 15 ou 17 ans, au moins autant que les jeunes adultes, notamment en titillant leur désir de paraître viril et indépendant.

Robin Robb a commencé par sous-entendre qu'il faudrait mieux s'y prendre autrement pour rejoindre une telle clientèle, puis, en substance, il a finalement répondu, penaud, que la planche à voile est une activité physiquement difficile pour des jeunes de 15 ans et au-delà de leur puissance d'imagination.

C'était l'un de ces moments où le juge Brian Riordan de la Cour supérieure du Québec doit sûrement avoir besoin de sa forte capacité de paraître impassible pour ne pas se plaindre qu'on le prenne pour une cruche.

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Lors de ce même contre-interrogatoire, commencé dès le milieu de la matinée, Me Lespérance est aussi parvenu à faire dire à M. Robb que du temps où il était le directeur du marketing de RJR-Macdonald, de 1978 à 1984, le code d'autoréglémentation de l'industrie canadienne du tabac n'interdisait pas grand chose comme campagne publicitaire susceptible d'atteindre les élèves du secondaire. RJR-Mac se permettait de commanditer un événement télédiffusé avec des annonces d'Export A visibles sur les lieux de l'événement. Un cigarettier pouvait aussi sans ennui faire installer une annonce à l'extérieur d'un point de vente situé à 200 mètres d'une école et tournée dans la direction de l'école.

Il a été longuement question d'un échange de vues entre l'industrie, représentée dans ce cas par le Conseil canadien des fabricants de produits du tabac (CTMC) et par les marketeurs de RJR-Mac, et la ministre fédérale de la Santé de 1977 à 1979 et de 1980 à 1984, Monique Bégin.

L'affaire avait été déclenchée par une plainte concernant la proximité d'une annonce par rapport à une école.

Mme Bégin voulait que l'industrie applique vraiment son code d'autoréglementation, le précise et même le durcisse un peu (elle voulait 500 mètres au lieu de 200). Quand M. Robb a quitté la compagnie, la même année où Mme Bégin a cessé d'être ministre, la correspondance se poursuivait sans qu'on ait satisfait le gouvernement.

Il a aussi été question d'un échange de vues entre le CTMC et le prédécesseur de Monique Bégin, Marc Lalonde, ainsi que de la réponse plus ou moins insolente que RJR-Macdonald a suggéré à l'Association canadienne de ski de donner au ministre d'État au Sport amateur de 1984 à 1988, Otto Jelinek.

Le ministre Lalonde estimait qu'il y avait une incompatibilité qu'il fallait reconnaître entre la promotion d'un événement sportif et le déploiement d'annonces de cigarettes (pièce 1558). L'industrie n'a pas satisfait le ministre. Le ministre Jelinek trouvait que l'Association canadienne du ski, généreusement subventionnée, ne devait pas accepter des commandites de l'industrie du tabac. Le témoin Robb n'avait pas de souvenance de cette affaire mais continue de penser aujourd'hui que les commandites étaient légitimes puisque fumer est un choix permis par la loi.

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Le contre-interrogatoire de Robin Robb se poursuit aujourd'hui.

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Pour accéder aux jugements, aux pièces au dossier de la preuve ou à d'autres documents relatifs au procès en recours collectifs contre les trois principaux cigarettiers canadiens, IL FAUT commencer par

1) aller sur le site des avocats des recours collectifs https://tobacco.asp.visard.ca/main.htm


2) puis cliquer sur la barre bleue Accès direct à l'information
3) puis revenir dans le blogue et cliquer sur les hyperliens au besoin,
ou
utiliser le moteur de recherche sur place, lequel permet d'entrer un mot-clef ou un nombre-clef et d'aboutir à un document ou à une sélection de documents.