mardi 9 avril 2013

134e jour - Enrichissement pictural de la preuve

Pour savoir comment activer les hyperliens vers les pièces au dossier de la preuve, voyez les instructions à la fin du présent message.

Hier (lundi), l'avocate des recours collectifs Gabrielle Gagné a continué d'enrichir le dossier de la preuve en demande avec des pièces qui portent sur divers sujets.

Un thème a retenu aujourd'hui l'attention de votre serviteur: la publicité.

Le 2 avril, Me Gagné avait fait enregistrer en preuve  (pièces numéros 1501 à 1534) plusieurs annonces parues durant les années 1960, 1970 et 1980 dans des périodiques québécois de langue française, comme Châtelaine, L'Actualité et Croc. Il sera désormais impossible de laisser entendre au juge Brian Riordan de la Cour supérieure du Québec que les campagnes publicitaires décrites dans la documentation interne examinée au procès des cigarettiers n'ont pas vraiment touché la population québécoise.

Lesdites annonces sont maintenant accessibles dans la banque de documents relatifs au procès tenue par la partie demanderesse.

En voici un échantillon.

Châtelaine, mai 1968
pièce 1525.5
Croc, novembre 1979
pièce  1532.2
Croc,  octobre 1985
pièce 1532.7

L'Actualité, janvier 1982
pièce 1534.2
(Au Canada, Goldcrest était une marque vendue par Imperial. Belvedere et Benson & Hedges sont des marques de Rothmans, Benson & Hedges, alors qu'Export A demeure la marque fétiche de JTI-Macdonald.)

Pour voir l'annonce avec la page couverture de l'édition du magazine où elle a été publiée, on peut cliquer sur les hyperliens suivants:  pièce 1525.5 , pièce 1532.2 , pièce 1532.7 et pièce 1534.2


Parler du filtre ou laisser tomber


En page 52 de son rapport d'expertise versé au dossier de la preuve en janvier (pièce 1381), le professeur de marketing Richard Pollay observait qu': « Occasionnellement, des annonces pour de nouveaux développements techniques dans le design du filtre ont attiré l'attention sur le filtre, avec des allusions à son efficacité mais sans jamais spécifier quels constituants du tabac ou de sa fumée étaient filtrés, quel degré dans l'efficacité de la filtration était atteint et quelle conséquence en termes de sûreté ou de salubrité était garantie.» (traduction de l'auteur du blogue)
L'Actualité, janvier 1977
pièce 1534.1

Dans l'annonce ci-dessus (pièce 1534.1), parue dans le magazine L'Actualité en janvier 1977, le mot filtre apparaît dix fois sur la page, mais le texte ne dit pas ce que le filtre filtre, ni ce que cela donne.

L'annonce concerne Matinée, une marque d'Imperial Tobacco Canada, qui est une filiale de British American Tobacco (BAT). Au surplus, c'est une annonce verbeuse, comparée aux publicités plus suggestives auxquelles on s'est habitué depuis un demi-siècle.

N'empêche qu'il est tout de même instructif de lire comment les filtres pouvaient être perçus dès 1966, chez Philip Morris, le principal concurrent mondial de BAT.

Hier, on a vu que deux consultants qui faisaient rapport aux responsables scientifiques de Philip Morris écrivaient alors que l'illusion de la filtration est aussi importante que le fait de la filtration, et que par conséquent toute nouveauté devrait être le fait d'une méthode radicalement différente de filtration mais n'a pas besoin d'être plus efficace. (pièce 1462)

Cette pièce a été versée au dossier hier mais est relative au témoignage du chimiste William Farone les 13 et 14 mars derniers.
extrait de la pièce 1462

En 1988, Imperial était rendue plus loin. Des groupes de discussion pouvaient la porter à conclure que de parler des filtres, comme de bien d'autres sujets, risquait de générer trop de questions chez les fumeurs.  (voir à ce sujet la pièce 985.25A 2-m réexaminée hier)

Dans les années 1980, la compagnie n'avait pas nécessairement besoin du rapport du groupe Décima pour croire que la meilleure façon de vendre du tabac, c'est encore de ne pas parler du tout du produit. Voici comment Imperial vendait la Matinée régulière, en 1977. (pièce 1533.2)

Châtelaine, juin 1977
(pièce 1533.2)
On notera la présence de mises en garde sanitaires au bas des annonces. Elles figuraient là en vertu du code d'autoréglementation des compagnies-membres du Conseil canadien des fabricants de produits du tabac (CTMC).



|-|-|-|

Pour accéder aux jugements, aux pièces au dossier de la preuve ou à d'autres documents relatifs au procès contre les trois principaux cigarettiers canadiens, IL FAUT commencer par

1) aller sur le site des avocats des recours collectifs https://tobacco.asp.visard.ca/main.htm


2) puis cliquer sur la barre bleue Accès direct à l'information
3) puis revenir dans le blogue et cliquer sur les hyperliens au besoin,
ou
utiliser le moteur de recherche sur place, lequel permet d'entrer un mot-clef ou un nombre-clef et d'aboutir à un document ou à une sélection de documents.